<447> de vous les renvoyer après leur lecture. Voici le tome XXXII de la Bibliothèque germanique, que je vous remercie de m'avoir prêté.

L'Histoire de Notre-Dame de Czenstochow est tout à fait divertissante, et il faut avouer que M. Beausobre a mis en usage tous les talents de son esprit pour mettre le ridicule des erreurs papistes dans tout leur jour. Je rends grâces à Dieu de n'être pas de leur communion; car, avec la foi faible que j'ai,a je ne me sentirais pas capable d'adhérer à toutes leurs superstitions.

Les seules contradictions qu'implique l'histoire de la Vierge demandent un dessein prémédité et une opiniâtreté de vouloir croire les traditions des anciens, sans quoi il est évidemment impossible de croire trois choses à la fois. Comment se peut-il, par exemple, que la Vierge ait eu des cheveux d'un blond clair, d'un brun cendré, et d'un noir comme du jais? A moins qu'elle n'ait été parquetée et bigarrée de différents poils, il est impossible que cela ait été; car une sainte personne comme la Vierge n'aurait pas eu l'air assez décent et modeste, si elle avait eu les cheveux de couleurs si bizarres. Ainsi ces trois rapports se contredisent, et il faut essentiellement que deux des auteurs de cette histoire aient employé la fiction pour rendre leurs livres plus agréables; mais étant en doute desquels des trois on doit se méfier, je crois qu'il est permis de ne croire aucun d'eux.

Ce que vous m'écrivez sur la poésie est si sensé et si judicieux, qu'il ne se peut rien de plus juste. La modestie avec laquelle vous parlez de vos productions devrait me faire supprimer les miennes, si je n'étais entiché de la folie des poëtes, qui veulent qu'on lise leurs ouvrages. Je profiterai cependant de votre bon avis, et je donnerai à mon Apollon le temps d'achever ma pièce. Tout ce que je perds, c'est que si je l'avais achevée à présent, elle aurait passé pour une espèce d'impromptu, sous le voile duquel on aurait pu faire passer bien des fautes; mais à présent que ce sera un ouvrage travaillé, ce tissu


a Voyez t. XVI, p. 125 et 176.