<25>probation du peuple auquel il fait du bien; au lieu que les gens de lettres instruisent, plaisent, et amusent toute l'Europe; ils doivent donc de justice en recueillir les suffrages.

Je laisse à messieurs vos évêques la faculté de faire de leurs tours. Ce sont des moules à sottises; on ne peut attendre autre chose d'eux. Je les abandonne aux anathèmes encyclopédiques, et les dévoue, eux et leur séquelle, aux dieux infernaux, s'il y en a, mais non les bons pères jésuites, pour lesquels je conserve un chien de tendre, non comme moines, mais comme instituteurs de la jeunesse, comme gens de lettres, dont l'établissement est utile à la société. J'ai vu jouer Le Kain,a et j'ai admiré son art. Cet homme serait le Roscius de son siècle, s'il était un peu moins outré. J'aime à voir représenter nos passions avec vérité, telles qu'elles sont; ce spectacle remue le cœur et les entrailles; mais je me refroidis aussitôt que l'art étouffe la nature. Je parie que vous pensez : Voilà les Allemands; ils n'ont que des passions esquissées; ils répugnent aux expressions fortes, qu'ils ne sentent jamais. Cela se peut; je n'entreprendrai pas de faire le panégyrique de mes concitoyens. Il est vrai qu'ils ne ruinent les moulins ni ne gâtent les semailles en se plaignant de la cherté des blés; ils n'ont point fait jusqu'ici de Saint-Barthélémy, ni de guerres de la Fronde; mais comme le monde s'éclaire de proche en proche, nos beaux esprits espèrent que tout cela viendra avec le temps, surtout si les Velches veulent bien nous honorer de la friction de leurs esprits. Parmi ces Velches, j'excepte toujours les Voltaire et les d'Alembert, desquels je serai l'admirateur jusqu'au moment où la nature me fera rentier dans la masse dont elle m'a tiré pour me produire.b Sur ce, etc.


a Voyez t. XXIII, p. 378, 379, 380 et 394

b Voyez t. VI, p. 243; t. X, p. 235; et t. XXIV, p. 491.