<223> lui donner un démenti; et sans sortir même de cette année, je trouverais plus d'une chose nouvelle dont le monarque aux sept cents concubines n'avait point d'idée. Mais j'imite V. M., et je me tais. Je désirerais pourtant de savoir ce qu'elle pense sur la lettre que le César Joseph II vient, dit-on, d'écrire au très-saint père Pie VI, pour lui demander en toute humilité de fixer une bonne fois pour toutes les limites des deux puissances, à cette fin qu'il n'en soit plus parlé. C'est, comme on dit, chat aux jambes que Sa Majesté Impériale jette à Sa Sainteté. Je suis en peine pour cette dernière, car ce Joseph me paraît ne pas y aller de main morte, et ne pas entendre raillerie.

Grâce à Dieu, V. M. n'a pas besoin de proposer à un vieux prêtre de pareils cas de conscience. Le Parnasse, comme elle le dit fort bien, est son saint-siége et sa Sorbonne tout à la fois, et Horace, Virgile, Voltaire, ses casuistes. Puisse le ciel lui conserver longtemps cette gaîté précieuse, si nécessaire à sa conservation, et par conséquent au bonheur de l'Europe! En lisant les lettres qu'elle me fait l'honneur de m'écrire, je deviens presque gai moi-même, quoique en tout autre temps je n'en aie guère d'envie. Mais il suffit, Sire, à ma consolation que V. M. se porte bien, qu'elle jouisse encore longtemps de sa gloire, et qu'elle veuille bien me conserver ses bontés.

Un homme de lettres de ma connaissance, instruit, honnête, et sans fortune, désirerait, Sire, de s'attacher à V. M., soit dans son Académie, soit dans toute autre fonction. Il ne demanderait pas des appointements considérables, et pourrait être utile par la variété de ses connaissances. Cet homme de lettres, Sire, se nomme Dubois. Il eut l'honneur en 1778, étant à Berlin, de faire présenter à V. M. par l'imprimeur de la cour, Decker, un ouvrage estimable de sa composition, intitulé : Essai sur l'histoire littéraire de Pologne; et V. M. lui fit l'honneur de lui répondre avec bonté. Il a séjourné six ans à Varsovie, où il a occupé une chaire d'histoire et de droit public que sa santé l'a obligé de quitter. Il est instruit en littérature française, en