<147> répandue à Paris, pour couvrir nos illuminés et nos fanatiques de toute l'ignominie dont ils sont dignes. Je me promets bien au moins de la communiquer à tous nos sages, et à ceux même qui ne le sont pas. V. M. devrait bien, par charité chrétienne et surtout apostolique, en envoyer un exemplaire à cet évêque du Puy quelle a fait si bien parler.a L'adresse de ce savant et éloquent prélat n'est plus au Puy, mais à Vienne en Dauphiné, dont on l'a fait archevêque pour le récompenser de ses belles écritures en faveur de ... Le Commentaire sur Barbe-bleue devrait lui valoir l'archevêché de Paris, si par la grâce de Dieu le siége était vacant. Mais nous avons bien l'air de conserver encore longtemps Christophe de Beaumont, pour la gloire divine et l'édification de l'Église.

Je ne finirais point, Sire, sur le plaisir que m'a fait cette excellente plaisanterie, si je n'avais encore à parler à V. M. du second ouvrage que j'ai reçu en même temps, de ses excellentes Lettres sur l'amour de la patrie, qui, dans leur genre, ne méritent pas moins d'éloges que le Commentaire, mais des éloges d'une espèce bien différente. C'est un traité de morale patriotique, plein de sensibilité, d'éloquence, et d'une raison profonde, tel que Cicéron l'aurait pu faire. On ne peut rien dire sur cette intéressante matière de plus touchant à la fois et de plus solide. Ce livre serait digne d'être mis entre les mains de la jeunesse, pour servir de base à une excellente éducation morale, et je ne saurais trop inviter V. M. à faire entrer cette lecture parmi les livres destinés à instruire les jeunes étudiants de ses États, dans toutes les provinces et dans tous les ordres. Rien ne me paraît plus propre à faire de ces jeunes gens des citoyens zélés et vertueux. Voilà le vrai catéchisme qu'on devrait leur enseigner.

Je suis pourtant affligé, Sire, et j'ose espérer que V. M. me permettra de lui ouvrir mon cœur à ce sujet, que, dans un livre où elle recommande l'amour si juste et si naturel de la patrie, elle paraisse


a Voyez t. XV, p. 37 et suivantes.