<288> et militaire; c'est celle des arts, du commerce, de la police, en un mot, de l'esprit humain. Dans tout cela il n'y a point de vérité dangereuse. Je ne crois donc pas devoir m'interdire une carrière si grande et si sûre, parce qu'il y a un petit chemin où je peux broncher; ce qui est entre les mains de V. A. R. ne sera jamais que pour elle. Le vulgaire n'est pas fait pour être servi comme mon prince.

J'ai réformé l'Histoire de Charles XII sur plusieurs mémoires qui m'ont été communiqués par un serviteur du roi Stanislas, mais, surtout, sur ce que V. A. R. a daigné me faire remettre. Je n'ai pris de ces détails curieux dont vous m'avez honoré que ce qui doit être su de tout le monde, sans blesser personne : le dénombrement des peuples, les lois nouvelles, les établissements, les villes fondées, le commerce, la police, les mœurs publiques; mais pour les actions particulières du Czar, de la Czarine, du czarowitz, je garde sur elles un silence profond. Je ne nomme personne, je ne cite personne, non seulement parce que cela n'est pas de mon sujet, mais parce que je ne ferais pas usage d'un passage de l'Évangile que V. A. R. m'aurait cité, si vous ne l'ordonniez expressément.

Je réforme la Henriade, et je compte par le premier ordinaire soumettre au jugement de V. A. R. quelques changements que je viens d'y faire. Je corrige aussi toutes mes tragédies; j'ai fait un nouvel acte à Brutus; car enfin il faut se corriger et être digne de son prince et d'Émilie.

Je ne fais point imprimer Mérope, parce que je n'en suis pas encore content; mais on veut que je fasse une tragédie nouvelle,a une tragédie pleine d'amour et non de galanterie, qui fasse pleurer des femmes, et qu'on parodie à la Comédie italienne. Je la fais, j'y travaille il y a huit jours; on se moquera de moi; mais, en attendant, je retouche beaucoup les Éléments de Newton; je ne dois rien oublier, et je veux que cet ouvrage soit plus plein et plus intelligible.


a Zulime.