<227> la louange. Cette perte m'est d'autant plus sensible, qu'elle est irréparable. Nous n'avons personne qui puisse remplacer M. de Beausobre. Les hommes de son mérite sont rares, et quand la nature les sème, ils ne parviennent pas tous à la maturité.

Il m'est parvenu une lettre qu'une dame de ce pays-ci vous a écrite.a Vous aurez bien vu, par son style, qu'elle est brouillée avec le sens commun. Ne jugez pas de toutes nos dames par cet échantillon, et croyez qu'il en est dont l'esprit et la figure ne vous paraîtraient pas réprouvables. Je leur dois bien quelque mot en leur faveur, car elles répandent des charmes inexprimables dans le commerce de la vie; en faisant même abstraction de la galanterie, elles sont d'une nécessité indispensable dans la société; sans elles toute conversation est languissante.

J'attends la Mérope, j'attends quelque merveille fraîchement éclose; j'attends des nouvelles de mon ami, une réponse sur quelques bagatelles que j'ai fait partir pour le petit paradis de Cirey; et toute cette attente me fait bien languir. J'ai oublié de vous dire que j'ai reçu votre Newton, j'entends l'édition de Hollande. Je vous ai promis de vous communiquer toutes mes réflexions; mais le moyen? Je n'ai pas eu, depuis quatre semaines, le moment de me reconnaître, et à peine puis-je vous écrire ces deux mots.

Mille amitiés à la marquise et à tous ceux qui sont assemblés à Cirey au nom de Voltaire. Je vous prie, ne m'oubliez point, et soyez fermement persuadé de l'estime et de l'amitié avec laquelle je suis, monsieur, etc.


a Voyez t. XVI, p. 161, 162, 163, 165 et 171.