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70. A LA MÊME.

(Potsdam) 26 février 1766.



Madame ma cousine,

Je me trouve sans cesse dans le cas de vous faire des excuses des incongruités ou, pour mieux dire, de l'impertinence du sieur Grimm, qui vous adresse, ma chère duchesse, mes lettres. Ces lettres ne sont point des négociations; ce sont des chansons faites contre La Verdy, contrôleur général des finances, et des Lettres sur les miracles, de Voltaire.291-a Vous voyez, ma chère duchesse, que cela même aggrave l'insolence du correspondant littéraire de vous charger de ces billevesées. Mais les Français sont des fous, et les Allemands qui y restent longtemps le deviennent de même. Pour moi, je profite doucement de leur folie, puisqu'ils me procurent de vos lettres, qui font tomber des bruits qui me faisaient trembler pour votre précieuse santé. Conservez cette santé, ma chère duchesse, pour le bien du sexe tudesque, dont vous faites l'ornement, et pour la satisfaction de vos amis. J'ose me compter des premiers de ce nombre, et je vous prie d'agréer les assurances de mon admiration et de l'attachement avec lequel je suis,



Madame ma cousine,

de Votre Altesse
le bon cousin et fidèle ami,
Federic.


291-a Le Roi veut sans doute parler des vingt lettres de Voltaire intitulées : Questions sur les miracles. Voyez les Œuvres de Voltaire, édit. Beuchot, t. XLII, p. 143-289.