65. A LA MÊME.

Potsdam, 22 novembre 1764.



Madame ma cousine,

Votre lettre, ma chère duchesse, m'a fait tout le plaisir imaginable, d'autant plus qu'elle est un témoignage manifeste de ce que vos yeux et votre santé sont remis. Je souhaite que vous vous conserviez de même de longues années, et que les infirmités attachées à l'humanité, par respect pour votre belle âme, n'altèrent point votre corps.

Pour m'acquitter de la commission que vous m'avez donnée, ma chère duchesse, j'ai pris des informations touchant les deux abbayes de princesses qu'il y a en ce pays, et je prends la liberté de vous les envoyer, attendant de ce que vous jugerez à propos de me charger à l'avenir.

Vous avez sans doute grande raison de souhaiter que le mal physique et que le mal moral vous épargnent. Pour le moral, vous en<286> êtes sûre; mais pour le physique, il n'y a eu personne sur cet univers qui ait pu trouver un abri contre ses ravages, ni qui ne se soit heurté l'esprit contre des difficultés insurmontables, en voulant en découvrir l'origine. Mais, quand on vous écrit, ma chère duchesse, il ne vient que des idées du bien moral et physique; vous n'en inspirez pas d'autres. Puisse-t-il toujours habiter chez vous, et puisse votre bonheur égaler votre mérite! Ce sont les vœux que je fais bien sincèrement pour votre personne, en vous priant d'être persuadée de la haute estime avec laquelle je suis,



Madame ma cousine,

de Votre Altesse
le fidèle cousin et serviteur,
Federic.