<8> sont une preuve de vos bontés pour moi, et alors elles me flattent bien davantage.

Les critiques que V. A. R. a bien voulu faire sur mon ouvrage, dans sa lettre à M. de Voltaire, me font voir que j'avais grande raison quand j'espérais que la physique entrerait dans votre immensité.

J'aurais assurément eu grand tort, si j'avais assuré que l'embrasement des forêts était ce qui avait fait connaître le feu aux hommes; mais il me semble que l'attrition étant un des plus puissants moyens pour exciter la puissance du feu, et peut-être le seul, un vent violent pourrait faire embraser les branches des arbres qu'il agiterait. Il est vrai qu'il faudrait un vent très-violent, mais, avec un vent donné, cela me paraît très-possible, quoique j'avoue que cela n'est que dans le rang des possibles.

A l'égard des étangs qui gèlent pendant l'été dans la Suisse, j'ai rapporté ce fait d'après M. de Musschenbroek, qui en fait mention dans ses Commentaires sur les Tentamina florentina.a Il y a en Franche-Comté un exemple de ce phénomène, dans ces grottes fameuses par leurs congélations; car un ruisseau qui traverse les grottes coule l'hiver, et gèle l'été. Je crois avoir rapporté ce fait au même article de la congélation; or ce qui arrive sous la terre peut arriver à la surface par les mêmes causes, qui sont vraisemblablement les sels et les nitres qui se mêlent à l'eau.

J'ai été charmée, monseigneur, d'apprendre que V. A. R. se faisait une bibliothèque de physique; je me flatte que vous me ferez part de vos lumières. Je m'estimerai bien heureuse, si mon goût pour cette science me procure quelquefois des occasions d'assurer V. A. R. de mon respectueux attachement. Je ne veux pas laisser échapper celle


a Tentamina exrperimentorum naturalium captorum in Academia del Cimenta. Ex italico in latinum sermonem conversa. Quibus commentarios, nova expérimenta et orationem de methodo instituendi expérimenta physica addidit Petrus van Musschenbroek. Lugduni Batavorum, 1731, in-4.