<221>Mais vous, dont la raison est saine,
Croirez-vous encor de Lorraine
Tous les contes fastidieux?

Tenez, voilà toute la politique en vers; il ne nous manque plus, pour nous achever de peindre, qu'un traité de paix avec ses préliminaires, en poëme dramatique.

Je vous ai fait dans ma lettre d'avant-hier votre catéchisme sur nos opérations, et je vous ai détaillé au long et au large ce qui se passait ici; j'ajoute aujourd'hui que mon pronostic s'est accompli, puisque les Autrichiens ont quitté la Moravie, faute de subsistances. Vous verrez bientôt les suites qu'auront toutes ces grandes affaires, et ce que tant de mouvements compliqués des deux armées causeront d'effets.

Adieu, dive Jordane Tindaliensis.

129. DE M. JORDAN.

Berlin, 8 mai 1742.



Sire,

N'est-il pas surprenant qu'on me demande mon avis sur cette question : s'il faut user du plaisir quand il se présente à nous? Je serais tenté de ne point répondre, car

Il faut penser bien gaîment
Pour décider cet important problème;
Quand on est triste par soi-même,
On ne peut du plaisir parler que faiblement.

Et j'avouerai à V. M. que, si j'ai de la joie, ce n'est que dans l'esprit : je n'en ai point dans le cœur. Ainsi cette joie n'est point naturelle;