76. A M. DE SUHM.

Remusberg, 12 mars 1739.



Mon cher Diaphane,

J'espère que mes autres lettres vous seront toutes bien parvenues, et que celle-ci aura le même sort. La lettre que vous recevrez ci-jointe est de Truchsess.398-a Vous verrez les raisons qui l'engagent à vous écrire, et, si la chose est faisable, je suis sûr que vous l'aiderez.

Ne m'écrivez pas toujours en vers;398-b écrivez-moi quelquefois aussi en prose. Le langage divin est bon dans l'occasion; mais j'aime aussi beaucoup votre prose, quand même vous ne me parleriez que lanternes.

Je compte de recevoir de vos lettres à Berlin, dans le temps des revues. Si le Roi va cette année en Prusse, comme on le débite, écrivez-moi le plus souvent qu'il vous sera possible. Vous adresserez, en ce cas, vos lettres à quelque banquier, à Königsberg. Ce voyage pourra se faire, à vue de pays, vers le mois de juillet.

<399>J'attends une réponse en vers à l'épître que je vous ai adressée de Berlin, et j'attends en même temps la solution du problème des possessions équinoxiales.399-a

Je suis avec bien de l'estime,



Mon cher Diaphane,

Votre très-fidèle et inviolable ami,
Federic.


398-a Voyez ci-dessus, p. 89.

398-b C'est-à-dire, sans doute, en chiffre.

399-a Les mots possessions équinoxiales, qui font allusion à l'affaire de Biegen, sont probablement une altération volontaire des mots précessions équinoxiales (t. XIV, p. 329), ou plutôt précessions des équinoxes, terme que Frédéric connaissait très-bien, puisqu'il avait lu les Éléments de la philosophie de Newton, par Voltaire, 1738.