7. FRÉDÉRIC A M. DE GRUMBKOW.

Cüstrin, 22 (février 1732).



Monseigneur

J'ai été bien fâché de voir que vous interprétez fort mal la confiance que j'ai eue en vous, et que, sans entendre les gens, vous les condamnez d'abord si vite. C'est un signe que vous vous défiez toujours de moi, et que jamais vous n'avez eu confiance en ma personne. Qu'ai-je donc dit qui mérite que l'on se récrie si fortement, et que l'on veuille rompre toute amitié? Que je ne me laisserai jamais forcer à épouser une princesse pour laquelle j'ai une aversion. Voilà ce que je dis encore à présent, monsieur; mais ai-je dit que si la personne me plaisait, que j'y répugnerais? Pourquoi me faire un portrait si horrible, la dépeindre si sotte, si mal bâtie? Je ne me serais jamais déterminé sans cela, et c'est la faute des gens qui me font de tels portraits, et je ne sais point d'avoir promis au Roi d'une manière positive de prendre la princesse. Je lui ai dit que je lui garderais toujours l'humble obéissance que je lui devais, mais que je le priais de voir la princesse. Est-ce s'engager, monsieur? J'aurais tout aussi bien démêlé moi-même cette fusée avec le Roi, quoique je ne l'aie pas embrouillée. Mais Dieu le pardonne à ceux-là, car ils auront tout le mal qui en peut parvenir sur leur conscience. Voilà, monsieur, tout ce que je puis vous dire. Si vous parlez au petit Schulenbourg, il vous en dira davantage. Je suis bien lâché que vous ne me vouliez plus assister de vos conseils; mais ce qui me console, c'est que je ne vous ai pas offensé, et<52> que je n'ai rien à me reprocher. Je n'en serai pourtant pas moins avec beaucoup d'estime,



Monseigneur le général.

Votre parfait ami et serviteur,
Frideric.

P. S. Je ne fais point de différence entre les intérêts du Roi et les miens, et tant que je ne sais pas les raisons du Roi dans ce mariage, de moi-même je n'y puis trouver aucune nécessité. Peut-être que je changerai d'avis quand j'entendrai pourquoi.