3.22-a

Breslau, 14 janvier 1759.

La lettre que vous avez voulu me faire le 8 de ce mois m'est bien parvenue. Vous pouvez être persuadée que je suis véritablement pénétré de la situation où vous vous trouvez, et que je ressentirais la plus sensible satisfaction, si je pouvais vous soulager autant que je le souhaiterais. Mais je vous donne à penser si, pendant que je suis hors d'état de faire payer les appointements et les pensions de l'état civil, je puis avoir des capitaux à placer sur intérêts. Si j'avais de l'argent à avancer, vous pouvez compter que je vous fournirais la somme que vous demandez, non à deux pour cent, mais sans aucun intérêt. Les frais de la guerre présente me lient trop les mains, de sorte que ma<23> bonne intention ne saurait être secondée des effets. Le soulagement de la Nouvelle-Marche en général et de la ville de Cüstrin m'a déjà coûté les derniers efforts, et je suis hors d'état de pouvoir pousser plus avant. Selon mon avis, je crois que vous feriez bien de ne songer, pendant les circonstances présentes, qu'à faire vivoter vos gens, pour ainsi dire, du jour à la journée, et de tâcher d'ensemencer vos terres, sans penser à d'autres rétablissements, mais de les suspendre entièrement jusqu'à la conclusion de la paix. Sur ce, je prie Dieu qu'il vous ait en sa sainte et digne garde.

P. S.23-a Vous vous représentez, madame, les choses bien différentes qu'elles ne sont. Songez que depuis un an je ne puis payer ni gages ni pensions; songez aux provinces qui me manquent, à celles qui sont ravagées, à la dépense énorme que je suis obligé de faire, et j'espère qu'alors vous n'attribuerez mes refus qu'à l'impuissance où je suis de vous rendre service. Si cependant les choses changent, je ferai pour vous ce qui me sera possible.

Federic.

A la veuve de Wreech.


22-a De la main d'un secrétaire.

23-a De la main du Roi.