<76> tout; on devine une partie, on apprend quelque chose, on y ajoute ses conjectures, et à la fin on sait les traités comme si on les avait faits. Vous serez bien étonné de trouver ici l'article secrétissime de cette alliance nouvellement conclue; mais voici comment il est tombé entre nos mains. L'ambassadeur de Santo-Marino, en dînant l'autre jour chez l'ambassadeur des Treize Cantons, laissa tomber de sa poche l'article secret du traité, en tirant son mouchoir; l'article fut aussitôt ramassé, et nous avons été assez heureux pour nous le procurer. Qu'un ambassadeur doit être circonspect, et qu'il est dangereux pour lui de tirer un mouchoir de sa poche! Voici cet

ARTICLE SECRÉTISSIME.

De plus, Sa Majesté Prussienne s'engage que si, en haine de cette alliance présentement conclue, la sérénissime république de Santo-Marino allait être inquiétée par de mauvaises sérénades ou par des chaconnes à elle désagréables, Sa Majesté lui fournira à ses frais et dépens un vaisseau de cent canons, et quatre frégates qu'elle tiendra toujours prêtes dans son port de Halberstadt pour le service de ladite république; et au cas que des vents contraires ou d'autres conjonctures fissent préférer des secours pécuniaires, on évaluera cette escadre à la somme de quatre cents livres, payables dans la sorte de monnaie dont le gazetier de Cologne fut payé, il y a dix ans, et dont la république pourra faire un usage merveilleux envers ses ennemis. En revanche, la sérénissime république de Santo-Marino s'engage de faire cause commune avec la Prusse dans tout ce qui concerne l'affaire des menuets; et malgré l'ancienne alliance qui subsiste avec ladite république et la ville d'Aix depuis le temps de Pierre de Provence et de la belle Maguelonne, et par laquelle elle a garanti à ladite ville la paisible possession de sa musique, la république de Santo-Marino tient ces engagements pour nuls. Bien entendu qu'elle se croit maîtresse