<489>POLYPHONTE.

Leur conducteur n'est plus; ma juste défiance
A su par son trépas rassurer ma prudence.
Mais ce jeune inconnu m'inquiète et me déplaît.
Croirais-tu que son bras d'Égisthe m'eût défait?

ÉROX.

Mérope dans les pleurs mourant désespérée
Est de votre bonheur une preuve assurée.

POLYPHONTE.

Quel que soit l'étranger, il faut hâter sa mort;
Le peuple aux malheureux donne toujours le tort.
Mais répondez : quel est ce vieillard téméraire?
Que voulait-il?

ÉROX.

Seigneur, ce vieillard est le père
De ce jeune étranger près de Mérope admis;
Il venait implorer la grâce de son fils.

POLYPHONTE.

Ce vieillard me trahit, crois-moi, puisqu'il se cache.
Ce secret m'importune, il faut que je l'arrache;
Le meurtrier surtout excite mes soupçons.
Pourquoi, par quel caprice et par quelles raisons
La Reine, qui tantôt pressait tant son supplice,
N'ose-t-elle achever ce juste sacrifice?

ÉROX.

Qu'importe son courroux, sa joie, ou sa pitié,
Seigneur, quand sous vos lois tout Messène a plié?

AIR.

A vos vœux les destins
Rendent un doux hommage;
Sous vos lois les humains
Rampent dans l'esclavage.
Écartez les chagrins