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SCÈNE VIII.

MÉROPE, ISMÉNIE.a

MÉROPE.

RÉCITATIF.

(Con accompagnamento.)

Rien ne peut égaler un destin si terrible.
Non, le tyran me fait un affront trop sensible.
Cet hymen que je crains ne s'accomplira pas.
Au sein du meurtrier j'enfoncerai mon bras;
Mais ce bras à l'instant m'arrachera la vie.
On ne me verra point rougir sous l'infamie.
Que les dieux à leur gré témoignent leur courroux;
Je puis venger mon fils et venger mon époux;
Mais je ne joindrai point, dans ces jours sanguinaires,
Les flambeaux de l'hymen aux flambeaux funéraires.
Moi, vivre! moi, lever mes regards éperdus
Vers ce ciel outragé que mon fils ne voit plus!
Le sort en est jeté; mon âme plus rassise
Prévoit tous les dangers, les brave, les méprise.

AIR.

Quand on a fait naufrage,
Quand on n'a plus d'espoir,
La vie est un outrage,
Et la mort un devoir.
Je vois mon diadème
Sur un front étranger,
Je perds un fils que j'aime;
Qu'aurais-je à ménager?


a L. c. acte II, scène VII.