<468>En vain, quand j'immolai son père et ses deux frères,
De ce trône sanglant je m'ouvris les barrières;
En vain, dans ce palais, où la sédition
Remplissait tout d'horreur et de confusion,
Ma fortune a permis qu'un voile heureux et sombre
Couvrît mes attentats du secret de son ombre :
Si ce fils, tant pleuré, dans Messène est produit,
De quinze ans de travaux j'ai perdu tout le fruit.
De Narbas, à mes yeux, l'adroite diligence
Aux mains qui me servaient arracha son enfance;
Narbas, depuis ce temps, errant loin de ces bords.
A bravé ma recherche, et trompé mes efforts.

ÉROX.

Que craignez-vous, seigneur? Déjà vos satellites
D'Élide et de Messène occupent les limites.
Si Narbas reparaît, si jamais à leurs yeux
Narbas ramène Égisthe, ils périssent tous deux.

POLYPHONTE.

Eh bien, encor ce crime! il m'est trop nécessaire.
Mais en perdant le fils, j'ai besoin de la mère;
J'ai besoin d'un hymen utile à ma grandeur,
Qui détourne de moi le nom d'usurpateur.

ÉROX.

AIR.

Enfant heureux de la Fortune,
Toi que de la poussière elle a pu relever,
Crains-tu qu'une main importune
T'arrache la grandeur que tu sus enlever?
Cet astre qui t'éclaire,
C'est ta propre valeur;
Et ton destin prospère,
C'est ton superbe cœur.

POLYPHONTE.

Appui de mes projets par tes soins dirigés,