<41>Tout serait animé d'images, de figures.
On me verrait bientôt prendre un rapide essor
Et m'élever aux cieux, saisi d'un doux transport;
M'assurant du soutien de tes sublimes ailes,
Abandonner la terre aux faibles hirondelles.
Tel, traversant les airs et s'élevant aux cieux,
L'aigle pointe au soleil son vol audacieux,
Soutenant ses aiglons, sous ses ailes agiles,
Qu'il instruit à mouvoir leurs ailerons débiles :
Et tel, en m'élevant sur le mont des neuf Sœurs,
Inspire à mes esprits tes divines fureurs,
Et que l'expression s'alliant à la rime
Avec l'invention m'amènent au sublime;
Que les mots, à leur lieu tout prêts à se placer,
Sans se faire chercher soient prêts à s'arranger.
O toi, qui des ligueurs as chanté les défaites,
O toi, qui de Henri célébras les conquêtes,
Et qui, de l'art des vers habile à te servir,
Autant qu'il t'ennoblit sus autant l'ennoblir,
Viens m'animer du feu de ton puissant génie,
Viens pour armer ma main de ta plume polie,
Et daigne m'enseigner par quel heureux effort
Tout métal en tes mains se convertit en or;a
Et tandis qu'au vrai beau ton Apollon me guide,
Ton jugement exquis me servira de guide.


a Ce vers paraît être une réminiscence du Joueur de Regnard, acte III, scène VI :
     

Il n'est point dans le monde un état plus aimable
Que celui d'un joueur; sa vie est agréable;
.....................................
................ sa poche est un trésor,
Sous ses heureuses mains le cuivre devient or.