<399>MADAME ARGAN.

Cela est fort bien, je vous en suis fort obligée; mais il faut marier ma fille, et vous ne l'aurez pas, monsieur, m'entendez-vous bien?

MONDOR, se levant.

Il n'y a donc plus de salut pour moi que dans la mort.

BARDUS.

Meurs vite, c'est tout ce que tu peux faire de mieux.

MADAME ARGAN, à Nérine.

Qu'on appelle ma fille.

(Nérine sort.)

SCÈNE V.

LES PRÉCÉDENTS, JULIE et NÉRINE.

MADAME ARGAN.

Il faut conclure, car mon mari ne finirait jamais. (à Julie.) Approche. Tu sais que je t'ai destiné Bilvesée, et je veux que tu l'épouses.

JULIE.

Madame, vous connaissez mon obéissance, et vous savez combien je suis soumise à vos ordres. Je connais mon devoir, et je ne m'en écarterai jamais; mais si mes prières peuvent vous toucher, si la tendresse maternelle a encore quelque empire sur votre cœur, daignez ne point conclure un hymen qui ferait le malheur de ma vie. Je vous le confesse sans déguisement, je ne pourrai jamais me résoudre à aimer l'époux que vous me destinez, un homme dont le premier abord m'a inspiré une aversion que le temps n'effacera jamais, et que toute ma vertu, en la combattant, ne pourra ....