<393> que mon cousin germain avait un fils qui était tout stupide, qu'il a envoyé en France pour prendre de l'esprit.

ARGAN.

Et en a-t-il pris?

BARDUS.

Non; il n'est pas encore de retour. Mais je prétends que mon fils ne fréquente que les ducs et pairs, et les philosophes.

ARGAN.

Sa naissance lui interdit la compagnie des premiers.

BARDUS.

Mais il est si savant!

ARGAN.

Je vous le répète encore, l'ami, on est à la vérité fort honnête en France, et l'on fait mille politesses aux étrangers; mais ne vous imaginez pas que les bonnes maisons veuillent se donner la peine de décrasser les jeunes gens qui sortent du collége. Il faut être aimable, c'est le passe-port de la bonne compagnie; et un homme qui n'arrivera pas tout formé en France court le risque de n'être reçu nulle part. Il y vivra avec quelques filles de théâtre, avec quelques petits-maîtres, et il reviendra plus gâté qu'il n'y est allé.

BARDUS.

Il faut cependant qu'un jeune homme voie le monde.

ARGAN.

Mais à quoi le destinez-vous?