<382>MADAME ARGAN.

Qu'on appelle Julie. (à Bilvesée.) Il faut, monsieur, que je vous la présente.

MONDOR, à part.

Ah! j'enrage.

BILVESÉE.

Si elle vous ressemble, ce sera la seconde merveille du monde.

MADAME ARGAN.

Oui, je me suis toujours bien conservée, et comme j'étais jeune encore, je n'allais jamais au soleil sans masque. J'ai encore des jours où je pourrais effacer ma fille, si je voulais m'en donner la peine. Mais c'est un travail affreux que de se moutonner, et il faut tant de soins pour l'ajustement!

SCÈNE VIII.

MADAME ARGAN, BILVESÉE, MONDOR, JULIE.

MADAME ARGAN.

Approchez, ma fille, voilà votre prétendu.

BILVESÉE.

Oui, divin rejeton d'une angélique tige, oui, j'aurai l'honneur de vous épouser. Ah! que vous êtes belle! Le diable m'emporte, je suis déjà tout amoureux, comme si je vous avais connue il y a dix ans. Ha! ha! ... elle en rougit; quelle pudeur! Je n'aurais, ma foi, pas cru en trouver autant.

JULIE.

Monsieur, je n'entends rien à ce langage.