<372> notre rue m'enterrera un de ces jours avec son Qui vive? continuel. Un fauteuil, ma mie, un fauteuil. (Nérine l'apporte, et elle s'y place nonchalamment.) A peine puis-je me soutenir.

NÉRINE.

On dit, madame, que vous aurez une visite aujourd'hui.

MADAME ARGAN, à Julie, d'une voix aigre.

Tenez-vous droite. (à Nérine.) Oui, le fils de M. Bardus est arrivé de l'université. (à Julie, aigrement.) Renversez davantage les épaules. (à Nérine.) Et il doit venir chez moi.

NÉRINE.

On dit qu'il doit épouser mademoiselle votre fille, et vous ne voudrez pas, sans doute, qu'elle devienne madame l'étudiante; cela serait trop ridicule.

MADAME ARGAN.

Et pourquoi? Il lui faut un mari, et tant lui vaut celui-là qu'un autre.

NÉRINE.

En vérité, madame, vous badinez, car vous ne voudriez jamais avoir un beau-fils frais émoulu du collége et ce M. Bardus toujours à vos trousses avec son grec, son latin et sa philosophie, dont il persécute toute la ville.

MADAME ARGAN.

Ah! il est si savant!

NÉRINE.

Dernièrement, en venant chez M. votre mari, il me rencontra sur l'escalier, et me demanda si je ne savais point quel artisan faisait les meilleurs instruments de géométrie. Je lui dis que je l'ignorais