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ACTE II.

SCÈNE I.

JULIE, NÉRINE.

JULIE.

Non, je ne saurais qu'y faire. Je lui sacrifierai tout, mon amour et ma vie.

NÉRINE.

Mais, mademoiselle, vous vous pressez trop. Vous connaissez votre père; il est doux, il est bon, il ne vous contraindra pas assurément. Quand il vous parlera de Bilvesée, vous n'avez qu'à lui dire qu'il ne vous plaît point, et que votre cœur est pour Mondor.

JULIE.

Si mon cœur a des faiblesses, c'est à ma raison de les vaincre; un père aussi respectable, aussi bon que le mien, a droit de tout prétendre de ses enfants, et je suis sûre qu'en suivant ses volontés, je ne m'égarerai jamais; et je m'abandonnerai toujours en aveugle à sa direction.

NÉRINE.

Voilà de beaux sentiments, mademoiselle, ils sont dignes des héroïnes les plus illustres. Mais laissons là, je vous prie, le style héroïque, et parlons bourgeoisement d'un mariage qui doit faire le sort de votre vie. Je ne veux point que vous deveniez madame l'étudiante; un mari qui va voyager et qui se fait attendre mérite qu'on le plante là, et ce Mondor me paraît vous convenir bien autrement; c'est un fruit mûr, l'autre est encore vert.