<351>MARTIN.

Ma belle enfant, il n'y a rien de tel que la galanterie. Nous autres valets passerions pour maussades, si nous n'étions pas galants; et quel honneur pour toi de dire que M. Martin t'a sacrifié une kyrielle de belles qui se désespèrent de ton triomphe!

NÉRINE.

Je ne suis pas de cet avis. Je veux, moi, de la fidélité de bon aloi; je suis la très-humble servante des conquêtes que tu me sacrifies. Monsieur Martin, monsieur Martin, tu t'es gâté à cette maudite université; je prévois que ton maître aura pris tous les vices de la jeunesse qu'il a fréquentée, et qu'au lieu de revenir ici bien savant, il n'arrivera que bien débauché.

MARTIN.

Et par quoi en juges-tu?

NÉRINE.

Par le proverbe qui dit, Tel maître, tel valet. Mais j'entends du bruit; c'est ton maître et le mien. Appelle Bilvesée, mais sauve-toi.

SCÈNE II.

NÉRINE, M. BARDUS, M. ARGAN.

BARDUS.

J'avoue que je ne comprends rien à ce retardement. Peut-être que, épuisé par ses studieuses veilles, il s'est attiré une maladie; peut-être lui est-il arrivé un malheur en chemin; peut-être ses professeurs ont-ils voulu achever quelque cours de physique ou quelque collége commencé, avant que de le laisser partir. J'aurais dû envoyer à la poste pour en savoir des nouvelles.