<305>Louis s'incline et fait sa révérence,
Au fond du cœur mécontent et fâché.
Tout bien pesé, malgré sa suffisance,
Il en fut quitte encore à bon marché.
Du tribunal il s'éloigna sur l'heure;
Il veut savoir quel est l'heureux quartier
Où des Français la séquelle demeure.
Prenez par là, suivez bien ce sentier.
En se hâtant, Sa Majesté l'enfile.
Elle aperçoit dans ce charmant asile
Un pré fleuri, coupé par des bosquets.
Là, sous l'abri des antiques cyprès,
On croyait voir des ombres diaphanes,
Des farfadets, des spectres ou des mânes,
Ou les esprits des plus fameux Français.
Sa Majesté s'y rend en diligence,
Par pur amour pour les Velches de France.
Un haut rocher domine sur ce lieu;
Louis y voit le fameux Richelieu,
Qui méditait, absorbé dans lui-même.
Louis lui dit : A quoi peux-tu rêver?
Mort une fois, tu ne peux t'élever.
Voudrais-tu donc faire encore un système?
Un mort peut-il dans ces lieux innover?

Richelieu.

Fuis, importun, et laisse-moi couver
Le grand projet où mon esprit s'applique.
J'y règle tout par la dialectique;
Quand quelque jour je pourrai l'achever,
Chacun dira, C'est un chef-d'œuvre unique.