<292> de la nouvelle république au calcul infinitésimal. Cette république conservera une paix constante, et se soutiendra sans armée.

Marlborough.

Tout ce que j'entends est admirable. Mais ces encyclopédistes ne seraient-ils pas atteints des visions des primitifs, des quakers, des pensylvaniens?

Lichtenstein.

Vous les fâcheriez fort de le dire; ils se piquent bien d'être originaux.

Eugène.

Il me semble que cette paix perpétuelle était une vision d'un certain abbé de Saint-Pierrea qui de mon temps n'a pas mal été bafoué.

Lichtenstein.

Ils l'ont donc rappelée de l'oubli, car ils affectent tous une sainte horreur pour la guerre.

Eugène.

Il faut avouer que la guerre est un mal, mais qu'on ne saurait empêcher, faute d'un tribunal pour juger les causes des souverains.a

Lichtenstein.

S'ils haïssent les armées et les généraux qui se rendent célèbres, cela ne les empêche pas de se battre à coups de plume et de se dire souvent des grossièretés dignes des halles; et s'ils avaient des troupes, ils les feraient marcher les unes contre les autres.

Marlborough.

Il en coûte moins de répandre de l'encre que du sang; mais les injures sont pires que les blessures. a Voyez t. IX, p. 36 et 163.


a Voyez t. IX, p. 36 et 163.