<230>Et puis au haut d'une perche croisée,
Comme un drapeau par sa main baptisée,
Il attacha son sacré goupillon.
Les palatins d'abord se séparèrent,
Et leur foyer tous les grands désertèrent;
En Saxe, en France, en cent divers pays
Tous ces seigneurs en peu s'éparpillèrent;
Et sans avoir de plan fixe ou précis,
On les voyait voyager par ennui.
Mais cependant les chefs dans la Hongrie,
Tous rassemblés au château d'Épérie,
Déjà formaient avec grand appareil
D'un tas de fous le suprême conseil
Pour diriger de loin la confrérie,
Battre le Russe et piller leur patrie,
Pour détrôner ce bon roi Stanislas,
Que par boutade alors ils n'aimaient pas.
En même temps, l'oriflamme en Pologne
Fait rassembler tous les confédérés.
Chacun s'agite et vaque à sa besogne;
A bien piller ils se sont conjurés.
Le Pulawski, ce preux chef de la troupe,
Croyait mener la république en croupe;
Le fat s'admire, et croit représenter
Les grands seigneurs de l'empire sarmate;
Il s'applaudit, sa vanité le flatte.
Sur un genet le héros va monter;
Mais il faut voir comme il va débuter.
Ah! que l'homme est un animal peu sage!
Il ne prévoit que la prospérité,
Et dans le calme il ne craint point l'orage.