<251>Confond tes sots admirateurs,
Et prétend voir dans son grimoire
Que tu n'étais qu'un fablier.
Au pays des badauds la mode est de l'en croire,
Et dût-il te calomnier,
Nos bons Grecs à rabat, qui tremblent pour ta gloire,
Sont près de la sacrifier.
Je vous plains tous les deux, Théocrite et Virgile,
Vous, qu'inspiraient jadis les Grâces et l'Amour,
Quand ils vous dictaient tour à tour,
Sur le ton simple de l'idylle,
Ces vers qu'avec plaisir on relit chaque jour,
Ces tableaux si riants d'un asile champêtre,
Ce ruisseau près duquel, couchée au pied d'un hêtre,
Phyllis caresse ses moutons.
Les tendres sentiments que Lycidas sent naître
Ne nous font, après tout, connaître
Que d'amants ingénus les douces passions,
Sans un seul mot d'algèbre ou de géométrie,
De courbes ou d'équations.
Quelle était votre frénésie!
Il nous faut des calculs et des solutions.
O sublimes esprits, desquels la noble audace
D'un vol d'aigle perça le vaste champ des cieux!
Vous franchîtes l'immense espace
Qui sépare à jamais la race
Des enfants des mortels du trône où sont les dieux.
Sachez, Pindare, et vous, Horace,
Qu'insensible à vos chants les plus mélodieux,
La farouche philosophie
Traite l'enthousiasme et l'ode de folie,