<248>Accourt, s'attroupe, et bientôt, disputant,
Entre les deux champions se partage;
Tel est pour l'or, un autre pour l'argent.
Parmi ces fous il se rencontre un sage;
Ce n'est pas trop de ce inonde l'usage,
Mais il y fut; de vous dire comment,
Mon chroniqueur n'en rend point témoignage.
Il soupira de la mystique rage
Qui s'emparait des esprits échauffés,
Car ils étaient pareils aux fous fieffés.
Bien informé du point de la dispute,
Le sage veut lui-même examiner
D'enchantement ce qu'on vient de prôner.
Sans dire mot, il part, il exécute
Tout doucement l'entreprise, sans bruit;
Sous son manteau il cache une lanterne,
Il voit la grotte, il entre, il y discerne
Tout aussi loin que sa lumière luit,
Ne trouve point colonnes ni statues,
Chapiteaux d'or, les beautés aperçues.
« Je vois, dit-il, des roches toutes nues,
Ouvrage brut où rien ne ressent l'art,
Tel que partout la grossière nature
En a produit comme il plaît au hasard.
Sublime objet de fraude et d'imposture,
O grotte! il faut que tu restes obscure;
Tu n'as de prix que par l'illusion. »
Vers son logis il reprit son allure;
Point aveuglé ne fut, on nous l'assure,
Point ne fronda la superstition,
Monstre et tyran du sublunaire empire.