<152>Avec ses deux mains, lourdement,
A fait enfoncer la Sottise;
Quel que soit mon penchant enclin à m'admirer,
Marquis, dans cet état je ne puis m'y livrer.
Ah! qu'il est différent, au sein de la victoire,
Tout couvert de lauriers moissonnés par la gloire,
D'avoir dompté, soumis des peuples belliqueux,
Ou d'être maltraité, chassé, battu par eux!
Ce n'est pas le chemin du temple de Mémoire,
Mais bien de l'hôpital ou d'un destin affreux.
A mes faibles talents je sais rendre justice,
Et dans ces jours de sang, dans ces temps orageux,
Sans cesse au bord du précipice,
Mes malheurs me servent d'indice
De mon peu de capacité,
Et me font étouffer ma folle vanité.
Non, mon âme n'est pas assez fière, assez haute,
Pour ne point avouer que souvent par ma faute
J'essuyai de cruels revers.
Sous mes pas incertains mes ennemis pervers
Ont à loisir creusé des gouffres, des abîmes;
J'eus l'art d'en éviter que je vis entr'ouverts,
Mais l'honneur, dont je suis les altières maximes,
M'a peut-être entraîné dans des piéges couverts.
Trop peu fait pour goûter un remède timide,
J'ai su lui préférer un conseil généreux;
En le prenant toujours pour guide,
Il me semblait moins odieux,
S'il fallait être malheureux
Sous le bras qui me persécute,
Qu'une audace intrépide eût signalé ma chute