<149>Si vous les accusez de crimes,
Furent-ils comme vous barbares et cruels?
Songez au nombre de victimes
Dont l'inquisition a rougi les autels.
Votre Dieu des âmes sublimes
Exige des vertus, non le sang des mortels;
Platon dirait, voyant vos fêtes triomphales,
Ces innocents menés aux bûchers solennels.
Que vous sacrifiez ces victimes fatales
A des déités infernales.
Ah! jusqu'à quand les nations
Souffriront-elles ces scandales
Et l'abus des religions?
Voilà, voilà pourquoi ces monstres à tonsure,
Ces charlatans de l'imposture,
Défenseurs criminels des intérêts du ciel,
Sont pleins d'acharnement, de fureur et d'envie,
Et contre la raison, et la philosophie;
Voilà pourquoi des flots d'amertume et de fiel
Sont répandus sur votre vie.
Ces fourbes, en tremblant dans leur obscurité,
Craignaient que la raison, d'une vive lumière
N'éclairant de trop près leur coupable carrière,
Nous décelât la vérité.
Laissez ramper dans la poussière
Ces fléaux de l'humanité;
Qu'ils insultent le sage en disant le bréviaire,
Qu'ils confondent l'orgueil avec l'humilité;
De leur croassement la clameur passagère,
O sage d'Alembert! pour votre esprit austère
N'est qu'un son frivole, un vain bruit,