<297>Dans un asile saint, inutile en ces temps,
Massacrent sans remords trois cents vieillards tremblants.
On dit, pour échapper au fer de ces impies,
Que de jeunes beautés, par la honte enhardies,
Cherchant clans le trépas un barbare secours,
Dans l'Elbe ensanglanté terminèrent leurs jours.
Mais quel spectacle affreux vient s'offrir à ma vue!
Où courez-vous, cruels? quelle rage inconnue!
Monstres, où portez-vous ces torches, ces flambeaux?
Vous êtes des démons et non pas des héros.
Déjà sur les palais la flamme se déploie,
Malheureuse cité, tu péris comme Troie.
L'embrasement s'accroît, il gagne en peu de temps,
Il s'élève en tous lieux d'horribles hurlements
De ceux que l'on égorge ou que le feu dévore;
O crimes! ô fureurs que la nature abhorre!
Tels qu'on peint de l'enfer les tourments et les feux,
Ce théâtre d'horreur, ces gouffres ténébreux
Où du plus faible espoir les sources sont taries,
Les malheureux humains en proie à des Furies,
Aux supplices divers à jamais condamnés,
De flammes, de bourreaux, d'horreur environnés :
Tels, et plus effrayants, dans ces moments funestes,
Parurent, Magdebourg, tes déplorables restes;
Plus d'habitants, de murs, de temples ni d'abris,
La flamme dans les airs éclairait tes débris.
Et de cette cité, jadis si florissante,
Que les arts et la paix rendirent si brillante,
Après l'affreux malheur en cette nuit souffert,
De cette ville immense il restait un désert