<170>Qu'à Florence enseigna l'affreux Machiavel,a
Ce monstre,b en soumettant sa molle souveraine,
Près du trône éleva sa fortune hautaine,
Et le Russe tremblant, que ce tyran conduit,
Dans sa stupidité par bassesse obéit.
La noire trahison, la louche perfidie,
Formèrent aux forfaits sa fureur enhardie;
Ce farouche ennemi des plus augustes droits
Veut régner dans le Nord, fouler aux pieds ses rois :

Qui nage dans le sang, eu ravageant la terre,
Infâme précurseur du démon de la guerre,
La Discorde, en un mot, excitant ses fureurs,
S'échappant à moitié des fers de ses vainqueurs,
Répandait dans le Nord ses poisons fantastiques,
Et corrompait les cœurs des altiers politiques.
Les esprits sont troublés; les peuples animés
S'excitent aux combats, l'un contre l'autre armés :
Vous les voyez couvrir, rangés sous leurs bannières,
L'extrémité des champs de leurs vastes frontières.
Ce feu, qui couve encore, est près d'être étendu.
Le ressort préparé par le monstre est tendu;
Un seul moment d'oubli, d'une ardeur indiscrète.
Le maniement grossier d'une main maladraite,
Allait, malgré la paix, de nouveau vous plonger
Dans les convulsions du trouble et du danger.
La Discorde, en voyant prospérer son ouvrage.
D'avance se repaît du meurtre et du carnage;
La barbare, en riant du faible des humains,
Applaudit en secret à ses cruels desseins,
Son succès l'enhardit, l'orgueil qui la possède
La flatte qu'elle peut rappeler en Suède
Ces jours, ces tristes jours qui, confondant les droits.
Sur le trône ébranlé font chanceler les rois.
Ce monstre, redoublant la ruse et l'artifice,
Sous les pas du sénat creusait un précipice;
Toujours accompagné de crimes, de forfaits,
Il foulait à ses pieds l'olive de la paix.


a Voyez t. VIII, p. v et 65-336.

b Voyez ci-dessus, p. 36, 138 et 140, et ci-après, p. 179.