<91> défait, si le Suédois n'eût gagné ses vaisseaux en hâte et ne se fût sauvé à Stralsund.

Au commencement de la campagne, la Baltique se vit couverte de deux puissantes flottes, qui bloquèrent les Suédois dans leurs ports, et les empêchèrent d'envoyer des secours en Poméranie : l'une était la flotte que les Hollandais envoyaient au secours des alliés, commandée par l'amiral Tromp, le plus grand marin de son siècle; et l'autre était celle du roi de Danemark, sous les ordres de l'amiral Juel, qui ne le cédait guère en réputation au premier; les capres brandebourgeois se distinguèrent même dans cette campagne, et firent des prises sur les Suédois.

Cette nation, prévoyant qu'il lui serait impossible de résister au nombre d'ennemis qu'elle venait de s'attirer, hasarda quelques propositions de paix, pour détacher l'Électeur de ses alliés, et peut-être même pour le commettre avec eux; voici comme la Suède s'y prit.

Wangelin, qui avait été fait prisonnier à Rathenow, fit quelques ouvertures, promit de grands avantages, et se servit de toutes les séductions de la politique, pour engager l'Électeur à se réconcilier avec la Suède : mais Frédéric-Guillaume, loin d'entrer dans aucune négociation, rejeta loin de lui des propositions aussi contraires à sa gloire. Il se mit à la tête de ses troupes, et prit Anclam, malgré l'opposition qu'y mit le général Königsmarck : il tourna ensuite ses armes victorieuses vers Stettin, qu'il se contenta de bloquer, la saison étant trop avancée pour en faire le siége dans les formes.

La campagne suivante s'ouvrit sur mer par une bataille navale, où la flotte suédoise fut défaite par celle des Danois. Charles XI, qui n'avait été que pupille jusqu'alors, parvenu à l'âge de majorité, commença à paraître comme roi : il se mit à la tête de son armée, et, pour son coup d'essai, il gagna la fameuse bataille de Lund en Scanie, où Christian V fut mis en fuite, après avoir laissé six mille hommes sur la place.