<47> à l'Électeur; et le Roi lui promit de lui remettre ces places, dès que le besoin qu'il en avait serait passé. Gustave-Adolphe s'avança au delà de Potsdam; et les Impériaux, qui tenaient Brandebourg et Rathenow, se replièrent à son approche sur l'armée qui faisait le siége de Magdebourg. L'électeur de Saxe refusa aux Suédois le passage sur le pont de l'Elbe à Wittenberg; ce qui empêcha Gustave de secourir la ville de Magdebourg, comme il en avait l'intention.

Cette malheureuse ville, que Wallenstein ni Tilly n'avaient pu prendre par la force, succomba à la fin à la ruse. Les Impériaux avaient entamé une négociation avec les Magdebourgeois, par l'entremise des villes anséatiques. Ils affectaient, pendant ces pourparlers, de ne point tirer sur la place. Les Magdebourgeois, crédules et négligents à la fois, s'endormirent dans cette sécurité apparente. Les bourgeois qui avaient fait de nuit la garde sur le rempart, se retiraient vers le matin en grande partie dans leurs maisons. Pappenheim, qui dirigeait le siége, et qui était avancé avec ses attaques jusqu'à la contrescarpe du fossé, s'en aperçut et en profita; il fit ses dispositions; et un matin, que peu de monde était sur le rempart, il donna quatre assauts à la fois, et se rendit maître des remparts sans grande résistance. En même temps les Croates, qui côtoyaient l'Elbe, dont le lit était bas alors, la longèrent sans trop s'éloigner des bords, et prirent les ouvrages à revers. Tilly, maître des canons du rempart, les fit diriger de façon qu'ils enfilaient les rues; et le nombre des Impériaux, qui augmentait à tout moment, rendit enfin inutiles tous les efforts que les habitants auraient pu faire. Cette ville, une des plus anciennes et des plus florissantes de l'Allemagne, fut prise ainsi lorsqu'elle s'y attendait le moins, et fut barbarement livrée trois jours de suite au pillage.

Tout ce que peut inventer la licence effrénée du soldat, lorsque rien n'arrête sa fureur; tout ce que la cruauté la plus féroce inspire aux hommes, lorsqu'une rage aveugle s'empare de leurs sens, fut