<140> En revanche, Frédéric Ier fit une autre acquisition par l'extinction des comtes de Mansfeld : ce pays fut mis en séquestre entre les mains du roi de Prusse et de l'électeur de Saxe; la régence prussienne se tint à Mansfeld, et la saxonne, à Eisleben.

Cependant tout s'acheminait insensiblement à la paix : les conférences continuaient à Utrecht; les comtes de Dönhoff, de Metternich et de Bieberstein s'y rendirent en qualité de plénipotentiaires du Roi.

Pendant qu'on tenait ces conférences, il arriva en Angleterre une révolution dont l'Europe accusa le maréchal de Tallard, qui avait été prisonnier à Londres. Soit que ce maréchal ou que ce qu'on appelle le hasard en fût la cause, le parti de mylord Marlborough fut culbuté : ceux de la nation qui désiraient la paix l'emportèrent; le duc d'Ormond eut le commandement des troupes anglaises en Flandre, et il se sépara des alliés au commencement de la campagne. Le prince Eugène, quoiqu'affaibli par la défection des Anglais, continua l'offensive; le prince d'Anhalt et les Prussiens furent chargés du siége de Landrecies : mais Villars marcha à Denain, fondit sur le camp que mylord Albemarle y commandait, et le battit avant que le prince Eugène pût le secourir. Cette victoire remit au pouvoir des Français Marchiennes, le Quesnoi, Douai et Bouchain.

Les alliés suivirent l'exemple des Anglais, et songèrent sérieusement à la paix : l'Empereur était le seul qui voulût continuer la guerre, soit que la lenteur de son conseil n'eût pas le temps de se décider, ou que ce prince se crût assez fort pour résister seul à Louis XIV; sa condition n'en devint que plus mauvaise.

Le Roi fit alors surprendre la garnison hollandaise qui était à Meurs, et maintint par la possession les droits qu'il avait sur cette place.

Mais les sentiments pacifiques du Sud n'influèrent point sur le Nord : le roi de Danemark entra dans le duché de Brême et prit Stade; le Czar et le roi de Pologne tentèrent une descente dans l'île