<122>rances furent trompées : le prince de Bavière mourut; on fit un second traité de partage, qui n'eut pas plus lieu que le premier. Le destin de l'Europe était d'avoir la guerre.

L'Empereur protestait contre tout partage; il soutenait l'indivisibilité de la monarchie espagnole, et prétendait qu'étant d'une même maison divisée en deux branches, elles avaient droit de succéder l'une à l'autre, celle d'Espagne à celle d'Autriche, et celle d'Autriche à celle d'Espagne. L'empereur Léopold et Louis XIV étaient au même degré : tous deux petits-fils de Philippe III, tous deux avaient épousé des filles de Philippe IV. Le droit d'aînesse était dans la maison de Bourbon, et Louis XIV fondait principalement ses droits sur ce fameux testament de Charles II que le cardinal Portocarrero et son confesseur lui firent signer, agonisant et d'une main tremblante : ce testament changea la face de l'Europe.

Louis XIV céda ses droits au second de ses fils,a Philippe d'Anjou, espérant d'aplanir, par le choix de ce prince éloigné du trône de France, les difficultés et les obstacles que la jalousie de l'Europe pourrait porter à sa grandeur. Philippe passa en Espagne; il fut reconnu roi par tous les princes, à l'exception de l'empereur Joseph.

Au commencement de cette guerre, la France était au comble de sa grandeur : elle se voyait victorieuse de tous ses ennemis; la paix de Ryswyk faisait l'éloge de sa modération; Louis XIV déployait dans l'univers entier sa splendeur et sa magnificence; il était craint et respecté. La France était comme un athlète préparé seul au combat, qui entrait dans une lice où il ne paraissait encore aucun adversaire; rien n'était épargné pour les préparatifs des armements de mer et de terre, également nombreux. Dans ses plus violents efforts, cette monarchie entretint quatre cent mille combattants : mais les grands généraux étaient morts, et il se trouva, avant que le mérite de Villars se fût fait connaître, que la France avait huit cent mille bras, mais


a Au second fils du Dauphin.