<270>Fils tendrement chéri de Bellone et de Mars,
Eugène, le soutien du trône des Césars.
Sous ce savant guerrier, Dessau, dans son jeune âge,
Fit de l'art des combats le dur apprentissage,
Et les dieux protecteurs des camps autrichiens
Devinrent avec lui les dieux des Prussiens
Voilà comme en tout temps l'art que je vous enseigne
A soutenu les rois, a maintenu leur règne;
Et si la discipline en est le fondement,
Si sa force soutient ce vaste bâtiment,
Jugez de sa grandeur et de son importance.
On ne peut l'acquérir que par l'expérience;
Malheur aux apprentis dont les sens égarés
Veulent, sans s'appliquer, franchir tous les degrés!
Tel était Phaéton, ce jeune téméraire;
A lui prêter son char il contraignit son père,
Sans qu'il sût gouverner des coursiers si fougueux,
Sans savoir le chemin qu'ils tenaient dans les cieux.
Du char de la lumière il prit en mains les rênes;
Parcourant, égaré, des routes incertaines,
La foudre le frappa; du vaste champ des airs
Son corps précipité s'abîma dans les mers
Téméraires, craignez le sort qui vous menace :
Phaéton périt seul par sa funeste audace;
Si vous guidez trop tôt le char brillant de Mars,
Songez que tout l'État doit courir vos hasards.