53. AU MÊME.
Potsdam, 12 août 1772.
Mon très-cher frère,
Je me suis bien imaginé que la soirée d'Oranienbourg se passerait tristement, mais je n'ai jamais cru que cela irait aussi loin que le détail que vous avez la bonté de me faire me le fait voir. Cependant, les premiers mouvements étant ordinairement les plus forts, j'espère que le temps dissipera toute cette tristesse aussi bien chez la Reine qu'auprès de la princesse, à mesure qu'elles approcheront du moment de revoir leurs fils et frères.
Au reste, je suis fâché, mon cher frère, que, étant sur le point de partir pour la Silésie, je sois empêché de vous réitérer de ma main les assurances de la plus parfaite estime et tendresse avec lesquelles je suis à jamais, etc.
Je vous demande pardon, mon bon frère, de ne vous pas avoir répondu moi-même; mais un grand jour de poste comme celui d'aujourd'hui m'en a empêché. Cependant je vous embrasse bien tendrement.