<109> logèrent dans un bois proche de cette arrière-garde, d'où ils l'incommodèrent beaucoup par leur feu. Le prince Maurice, qui survint, envoya le régiment de Prusse infanterie occuper une hauteur qui était à dos des Saxons. A peine eut-on tiré deux coups de canon de cette colline, que les Saxons, surpris du feu qu'ils recevaient d'un endroit où ils ne s'y attendaient pas, se mirent en désordre, et prirent soudain la fuite; les hussards se jetèrent sur le bagage, qu'ils pillèrent, et les chasseurs se glissèrent dans un bois proche de l'Elbe, d'où ils tirèrent sur l'arrière-garde saxonne, qui finissait de passer le pont.
Cela acheva de leur tourner la tête : ils coupèrent eux-mêmes les câbles de leur pont; le courant l'entraîna jusqu'à Rathen, où les Prussiens le prirent. Le prince Maurice fit aussitôt camper les troupes sur les hauteurs de Struppen; leur gauche allait vers l'Elbe, et leur droite se prolongeait derrière un ravin profond qui va se perdre du côté de Hennersdorf.a
Telle était la situation des choses lorsque le Roi arriva avec ses dragons à Struppen. Les Saxons attendaient un certain signal dont ils étaient convenus que les Impériaux devaient leur donner, pour attaquer de concert les Prussiens : ce signal ne se donna point; cela acheva de leur faire perdre l'espérance. Ils ne furent que trop convaincus alors, en voyant la manière dont M. de Retzow était posté, qu'il leur était impossible de se faire jour à eux-mêmes. D'un autre côté, le roi de Pologne, qui s'était réfugié au Königstein, pressait de là vivement ses généraux d'attaquer M. de Retzow au Lilienstein, et le comte Rutowski lui remontrait à son tour avec force l'inutilité de cette entreprise, qui mènerait à une effusion de sang et à un massacre dont après tout le Roi ne pourrait tirer aucun avantage. M. de Browne se trouvait dans un cas aussi embarrassant, mais moins fâcheux : il avait devant lui un corps de troupes prussiennes, supérieur en nombre; et comme toute communication lui était coupée avec
a Langenhennersdorf.