<154> continué sa première conduite. Vous voyez, Sire, que le ciel l'en a puni plus sévèrement que vos juges n'auraient fait, car certainement ils ne l'auraient pas fait châtrer. Niez à présent une providence sublunaire. Voilà des exemples bien parlants, et qui valent bien autant que tous ceux sur lesquels les théologiens fondent tant de mauvais raisonnements. Que vous les dépeignez bien, Sire, ces ignorants fanatiques, dans les vers charmants que vous avez faits au sujet du Dictionnaire des prétendus athées!

Je ne doute plus, Sire, que l'édition de vos ouvrages n'ait été laite sur une copie volée sur un des exemplaires qui se trouvaient à Paris, parce que l'édition de Hollandea n'est qu'une copie de celle qu'on a faite à Paris.b Il y a déjà plusieurs exemplaires de celle de Hollande à Berlin; elle ne contient, à ce que l'on m'a dit, que quelques odes, plusieurs Épîtres, et le poëme sur la guerre. Tout cela est de la plus grande beauté; et, à parler naturellement à V. M., je ne suis fâché que de l'action du voleur et point du tout du vol, puisque ce livre sera les délices de tous les gens qui pensent, et les éléments du bon sens pour tous ceux qui voudront apprendre à penser. J'ai l'honneur, etc.


a Œuvres du Philosophe de Sans-Souci. Potsdam, et se trouve à Amsterdam, chez, J.-H. Schneider, 1760, trois cent huit pages in -8. Voyez t. X, p. II.

b On voit, par deux lettres du duc de Choiseul adressées à M. de Malesherbes, directeur de la librairie, et insérées dans le Constitutionnel du lundi 2 décembre 1850, no 336, que non seulement ce ministre protégea cette contrefaçon clandestine des Œuvres du Philosophe de Sans-Souci, mais qu'il alla même jusqu'à dresser de sa main la liste des corrections et modifications à y introduire.