<134>Soit que la peste alors, lasse de ses fureurs,
Terminât de nos maux les funestes horreurs,
Ou soit quelle perdît par ce ravage insigne
De son poison mortel l'influence maligne,
Le mal finit enfin, et sous un règne heureux,11
La Prusse répara son destin malheureux.
Le peu de citoyens qui des maux échappèrent,
Secondés par le temps, depuis la repeuplèrent;
La nature attendrie, attentive à nos jours,
Sous le nom de l'amour vint à notre secours;
Tout le peuple nouveau dont la Prusse est remplie
Au pouvoir de ce dieu doit compte de sa vie,
Et l'on n'aperçoit plus dans ces heureux États
Les traces qu'imprimait la fureur du trépas.
Si ces calamités troublaient l'ordre des choses,
La main du Tout-Puissant arrêterait leurs causes;
Mais ce qui nous paraît un malheur capital
N'est rien, quand on le voit d'un coup d'œil général.
Que cette vérité, quoique dure et sévère,
Ne nous éloigne point du plaisir nécessaire;
Le sage gagne à tout : l'école du malheur
Lui sert à mieux sentir le vrai prix du bonheur;
Il sait à quels dangers l'expose sa nature,
Dans des jours fortunés disciple d'Épicure,
Dans des jours désastreux disciple de Zénon,
Pour tous les cas prévus il arme sa raison.
Oui, tels sont nos devoirs; respectons en silence
Ces lois qu'à l'univers donna la Providence,


11 Celui du feu roi.