<185>rité qu'il avait eu comme roi, et qu'ayant quelque mécontentement contre le duc d'Ormea et quelques autres ministres, il voulut contraindre son fils à les disgracier. Le comte d'Ormea, informé des intentions du roi Victor, craignit de voir sa perte assurée, s'il ne prévenait ce prince. Il alla chez le roi de Sardaigne, et lui persuada que son père conspirait et voulait remonter sur le trône, et il le pressa si vivement, que le père fut arrêté, et conduit au château de Chambéry, où il mourut. Un prince est bien à plaindre se trouvant vis-à-vis de son père dans des circonstances aussi épineuses, où il a la nature, l'intérêt et la gloire à combattre.
En Russie, mourut la même année le jeune czar Pierre II. Il était fiancé avec une princesse Dolgoruki. Cette maison eut des vues pour placer cette princesse fiancée sur le trône; mais la nation voulut unanimement que le sceptre demeurât dans la maison de Pierre Ier : on l'offrit à Anne, duchesse douairière de Courlande, qui l'accepta. Du commencement, les Russes limitèrent son pouvoir; mais la famille des Dolgoruki tomba, et son autorité devint despotique. Elle entretint, de même que ses prédécesseurs, les liaisons qui subsistaient depuis longtemps avec la maison d'Autriche.
L'Empereur oublia bientôt les services que le Roi lui avait rendus en quittant l'alliance de Hanovre. Il s'accommoda avec le roi d'Angleterre, et lui donna l'investiture du duché de Brême et du Hadelerland, sans songer aux intérêts de la Prusse. L'ingratitude est une monnaie décriée, et qui cependant a cours partout.
La mort de tant de princes, le déplacement de tant de ministres, le renouvellement et le changement de tant d'alliances, produisirent des combinaisons d'intérêts tout nouveaux en Europe. L'Angleterre, réconciliée avec l'Espagne et l'Autriche, joignit une flotte nombreuse à celle d'Espagne, pour transporter Don Carlos en Italie.
Au commencement du siècle, la Grande-Bretagne s'était ruinée pour chasser les Espagnols du royaume de Naples et du Milanais,