3816. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION DE ROHD A STOCKHOLM.

Potsdam, 16 août 1749.

Les nouvelles que vous me mandez par vos dépêches du 5 de ce mois d'août,56-3 n'auraient guère pu m'être plus agréables qu'elles l'ont été. Je veux cependant ne point vous cacher que, selon moi, le comte de Tessin commet de grandes fautes en la présente occurrence, en ce qu'il néglige de faire ce que, pourtant, le salut de la Suède semble exiger indispensablement. Car dès le moment même qu'il a pu se tenir assuré du Danemark, il aurait dû par ses représentations faire en sorte qu'un plus grand nombre de troupes eût été envoyé dans la Finlande suédoise,56-4 pour y renforcer celles qui y sont déjà. Le sénateur Rosen qui commande en chef dans cette province, aurait, aussi, dû être muni d'ordres suffisants pour savoir la conduite qu'il aurait eu à tenir selon les<57> occurrences des cas différents, puisque, supposé que les troupes russiennes lui fussent tombées sur le corps, ce général aurait été dans l'incertitude pour savoir que faire ou ne pas faire.

Quoique, au reste, nous apprenions ici que les bruits d'une déclaration menaçante à faire de la Russie en Suède soient tombés, vous pouvez néanmoins vous tenir bien assuré que la cour de Russie a effectivement été intentionnée de faire faire semblable déclaration en Suède sur le pied que je vous l'ai écrit par le courrier que je vous ai envoyé en dernier lieu,57-1 les avis qui m'en étaient entrés s'étant vérifiés de plusieurs bons endroits, et le chancelier autrichien, comte d'Ulfeld, l'ayant avoué sans le moindre détour au ministre de France, le sieur de Blondel.

Aussi mon intention est-elle que vous vous expliquiez à ce sujet confidemment envers le sieur de Rudenschöld, homme de grande pénétration, et que vous lui disiez qu'il me paraissait que la Suède devait prendre ses mesures pour être prête à tout événement, puisque tant que les Russes ne retiraient leurs troupes de la frontière de la Finlande, mais qu'au contraire ils les y tenaient rassemblées, la Suède ne pouvait se tenir assurée de n'être en butte à quelque entreprise de la part de la Russie.

Federic.

Nach dem Concept.



56-3 Ueber die Verhandlungen zwischen Schweden und Dänemark.

56-4 Vergl. S. 47.

57-1 Vergl. S. 19.