2880. AU CONSEILLER BARON LE CHAMBRIER A PARIS.

Berlin, 30 décembre 1747.

J'ai lu avec attention le mémoire du marquis Pallavicini553-3 que vous m'avez envoyé à la suite de votre dépêche du 15 de ce mois, et je l'ai trouvé bien composé; vous devez dire de ma part audit marquis, en des termes les plus obligeants, que, comme je m'étais toujours intéressé au sort de la République,553-4 je n'en discontinuerais pas, et que je tâcherais avec plaisir de l'aider dans toutes les occasions où je pourrais le faire avec quelque apparence de succès, mais que dans les conjonctures présentes, où tout dépendait encore des parties belligérantes mêmes, il convenait à la République de s'adresser principalement à la France et à l'Espagne; que je l'appuierais avec plaisir par mes instances et par mes intercessions, mais que c'était aussi tout ce que pourrais faire pour elle, ce qui, dans l'état présent des affaires, ne saurait seul lui suffire.

Quant à ce que vous me marquez des propos ultérieurs du marquis de Puyzieulx à l'égard de ma médiation, vous devez lui dire que je lui étais infiniment obligé des sentiments favorables qu'il me témoigne à ce sujet, et que de mon côté je m'y prêterais avec plaisir, mais que la difficulté serait toujours<554> de parvenir à ce que les Puissances maritimes me donnent par écrit leurs conditions de paix pour en communiquer avec la France; que l'Angleterre au moins paraissait bien éloignée encore de vouloir telle médiation que ce soit, puisqu'elle se proposait toujours de traiter seule immédiatement avec la France de la paix, lorsqu'elle voudra y penser sérieusement, et de communiquer alors à ses alliés les conditions dont elle sera convenue avec la France — ce qui, selon moi, sera aussi la voie la plus naturelle pour parvenir à la paix générale. Au surplus, je viens d'apprendre que l'abbé Aunillon, ci-devant ministre de France à Cologne, est apparu, quoique déguisé, en Angleterre, apparition qui indique probablement que la France est de la partie dans la négociation secrète de l'Espagne, conduite par le maréchal de camp Wall à Londres.554-1

Federic.

Nach dem Concept.



553-3 Vergl. S. 307.

553-4 Genua.

554-1 Vergl. S. 532. 540. Der spanische Maréchal de camp Wall, ein irischer Jakobit, war in geheimer Sendung nach London gekommen, um wegen eines Separatfriedens zwischen Spanien und England zu unterhandeln.