2515. AU SECRÉTAIRE WARENDORFF A SAINT-PÉTERSBOURG.

Berlin, 31 janvier 1747.

J'ai reçu vos dépêches du 14 de ce mois, et j'ai vu ce que vous m'avez mandé touchant les nouvelles que le sieur d'Aillon a reçues du marquis de Castellane de Constantinople, par rapport au dessein de la Porte d'envoyer un ministre à ma cour. Sur quoi vous ne manquerez pas d'insinuer convenablement à ce ministre qu'un pareil envoi ne laisserait pas que de m'embarrasser beaucoup, et que cette démarche inspirerait de violents soupçons contre moi tant à la cour de Russie qu'à celle de Vienne, comme si je voulais tâcher d'entrer dans des liaisons étroites avec les Turcs au préjudice des intérêts des susdites cours, et que je travaillais à leur susciter des embarras et peut-être même une guerre ouverte avec la Porte. Vous y ajouterez que la dernière, au lieu de faire cet envoi, qui dans le fond n'aiderait en rien<307> la France, pourrait être portée à des ostentations plus réelles par de certains arrangements à prendre sur les frontières de la Hongrie ou de l'Ucraine; qu'on en tirerait un avantage infiniment plus solide et plus essentiel, pour rendre la maison d'Autriche plus docile pour la paix, au lieu que, s'il ne s'agissait que de simples intrigues et de démarches purement politiques de la part de la Porte, les cours de Vienne, de Londres et de Russie ne feraient que s'en moquer et se flatteraient toujours de les faire échouer par des libéralités et des corruptions employées à propos à Constantinople.

Au reste, le sieur d'Aillon me fera beaucoup de plaisir s'il veut bien continuer à vous faire part des nouvelles qu'il pourrait recevoir de Constantinople.

Federic.

H. Comte de Podewils. C. W. Borcke.

Nach dem Concept.