<43> fonctions des directeurs des différents collèges de l'Empire. Qui voudra s'instruire à fond des abus qui se commettent à cet égard, n'aura qu'à consulter le commentaire de Henniges sur le traité de la Westphalie.1 On observe ici seulement que ces abus sont si énormes que toutes les lois de l'Empire deviendront inutiles, si on n'y remédie pas, et qu'il sera toujours au pouvoir de la cour de Vienne de faire prendre à la Diète telle résolution qu'il lui plaira, si les États ont la faiblesse de souffrir plus longtemps la prévarication des directeurs et la manière impérieuse dont ils agissent à leur égard. Ce qui est arrivé dernièrement dans l'affaire d'Ostfrise,2 confirme ce qui vient d'être exposé, et doit réveiller l'attention de tous les États et les exciter à presser l'exécution du traité d'Osnabrück, tant à cet égard que par rapport aux autres objets énoncés ci-dessus.

Les Électeurs et les Princes y sont également intéressés et ils doivent d'autant plus redoubler leurs efforts pour parvenir à un but aussi salutaire qu'il s'agit d'élire un roi des Romains et de perpétuer la couronne impériale dans une nouvelle maison. La cour de Vienne s'est déjà assurée des suffrages de plusieurs Électeurs et elle s'adressera sans doute au roi de Prusse pour lui demander le sien. Sa Majesté s'est déjà expliquée qu'elle ne désirait rien poure le-même; qu'elle ajoute à cette déclaration qu'elle borne tous ses désirs à voir réformer les abus qui détruisent la liberté du Corps Germanique et qui lui font perdre la considération qu'il devait avoir au dehors. Plus elle travaillera à rétablir l'union entre les Électeurs et les Princes et à écarter les sujets de jalousie que la cour de Vienne cherche à entretenir, plus elle s'occupera à maintenir la constitution de l'Empire et a réprimer les entreprises des directeurs, plus elle augmentera son crédit et son influence dans l'Empire, plus elle affermira le Corps Protestant dont elle est le plus puissant appui.

Sa Majesté ne pourra jamais soutenir à la fois une cause plus juste, plus glorieuse, plus utile qu'en insistant sur l'exécution du traité d'Osnabrück et qu'en faisant cause commune avec ceux des États qui en sentiront l'importance. Mais si elle attache son suffrage à cette condition, il en suivra de deux choses l'une : ou la cour de Vienne sera forcée de se prêter à des demandes aussi justes, ou d'abandonner son projet de faire élire un roi des Romains. Dans le premier cas, Sa Majesté aura rempli son projet; dans l'autre, la cour de Vienne n'aura aucun sujet légitime de se plaindre et n'osera même se plaindre, si elle ne veut faire connaître qu'elle cherche à perpétuer des abus qui favorisent le despotisme auquel elle aspire. Il est à présumer qu'elle témoignera d'être disposée à entrer dans les vues de Sa Majesté, mais qu'elle demandera qu'on procède d'abord à l'élection. Les arrangements




1 Meditationes ad instrumentum pacis caesareo-suecicum. Halle 1706—1712.

2 Vergl. Bd. IX, 416.