<199>Le même auteurb prétend qu'ils adoraient de même Vénus représentée à demi-nue, ayant la mamelle gauche percée par une flèche, et trois Grâces, plus petites qu'elle, qui l'entouraient; ces peuples la nommaient Magada, ce qui veut dire fille, et Angelusb assure qu'elle donna son nom à Magdebourg où elle avait ses autels;34 on voyait encore des ruines de son temple dans cette ville, avant que Tilly l'eût saccagée. Ce qui paraît de plus remarquable dans le culte que les Saxons rendaient à cette divinité, étaient les jeux qu'ils célébraient en son honneur. Ils consistaient en des tournois que faisaient tous les jeunes gens des bourgades voisines : ils déposaient une somme d'argent entre les mains des juges, pour doter une jeune fille, qui était donnée en mariage comme le prix dû à celui qui l'avait emporté à la joute. Les Annales de Magdebourg témoignent que ces jeux se célébraient encore, comme des restes du paganisme, l'année 1279 et l'année 1387.
Le luxe s'introduisit dans la religion lorsque les richesses augmentèrent. Anciennement les peuples tenaient qu'il n'était pas convenable de placer leurs dieux dans des temples bâtis de mains d'hommes, et ils les adoraient dans leurs bois sacrés;35 mais, à mesure que les mœurs s'adoucirent, leurs dieux vinrent habiter les villes. Cependant l'ancien usage ne fut pas entièrement aboli; car on trouve que Charlemagne défendit aux Saxons d'adorer des chênes, et de les arroser du sang des victimes.
Les prêtres de ces temps étaient plus artificieux et plus fourbes que le peuple; outre leur sacerdoce, ils exerçaient une triple charlatanerie : ils fabriquaient des oracles, et se mêlaient d'astrologie et de médecine.36 Il ne fallait pas tant de ruses, pour abuser ce peuple imbécille et grossier; aussi fut-il bien difficile de détruire une religion ancrée par tant de superstitions dans les esprits. Toute l'Allemagne était encore attachée au culte
34 Annales de Magdebourg.
35 Lindenbrog.
b Le Roi veut dire Pomarius.
36 Freinshemius [Trithemius] et Schmidt.