<201> a composé de nouveaux, plus dignes, à ce qu'il croit, de l'Être suprême. Cela a produit une scission dans l'Église; les uns sont pour les vieux, les autres pour les nouveaux. Le peuple criait à l'hérésie sans savoir pourquoi; les prêtres, jaloux les uns des autres, voulaient s'anathématiser; les libraires se mêlaient dans cette querelle; les uns axaient des éditions entières des nouveaux cantiques, qu'ils voulaient vendre; d'autres avaient leur boutique pleine des anciens, dont ils n auraient pu avoir le débit, si la nouvelle mode avait gagné le dessus. Dans ce conflit, chaque parti m'a porté ses plaintes, et en juge impartial j'ai décidé que chacun louerait Dieu comme il le jugerait le plus convenable, et la paix a été rétablie dans l'Église de Berlin. Mais admirez qu'un incrédule sert d'indigne instrument pour apaiser le schisme naissant de son troupeau d'élus. Platon autrefois servit à fonder la religion chrétienne; Voltaire employa toute la sagacité de son génie pour rendre les prêtres raisonnables et le faux zèle tolérant; mais cette dernière entreprise, étant trop forte, n'a pu être consommée.
Il vient d'arriver une assez plaisante aventure dans l'Empire. Un prince, grand ami de votre Beaumont, archevêque de Paris, a une épouse âgée de cinquante-trois ans, et a fait connaissance avec un prêtre fanatique, qui lui a promis que son épouse deviendrait enceinte, si on lui faisait dire une messe sur le ventre, ajoutant qu'il se fallait pourvoir d'une foi robuste pour que le charme opérât. Voilà qu'on dit des messes sur le ventre, voilà que la femme du prince se croit grosse, voilà accoucheurs, accoucheuses et témoins qui arrivent; mais le miracle manque, parce que le prince n'avait pas eu assez de foi. Notez que cette farce s'est jouée dans ce siècle philosophique, dans ce dix-huitième siècle où l'on dit que la raison s'est perfectionnée. Pauvres humains que nous sommes! Il paraît que la nature ne nous a mis au monde que pour croire et que pour faire des sottises. Et nous nous enorgueillissons encore! Je voudrais qu'avec des messes