<152>ment les mânes de ce grand homme ont été honores bien dignement par l'éloquent et touchant Éloge que V. M. en a fait, et qui vaut mieux que tous les services funèbres, quand même notre saint-père le pape serait célébrant. Je prends la liberté d'inviter de nouveau V. M. à faire l'acquisition du buste de marbre de cet homme si rare, et je ne puis me dispenser de lui dire combien j'ai été touché de ce qu'elle m'a fait l'honneur de m'écrire à ce sujet, en remettant celle dépense à l'année prochaine. Ce trait d'économie vraiment royale, Sire, a enchanté tous ceux à qui je l'ai raconté; ils ont fait des vœux, ainsi que moi, pour que les autres souverains imitassent cet exemple, en mettant dans leur dépense un ordre et une attention si nécessaires au bien de leurs sujets.
Vous avez, Sire, très-éloquemment et très-solidement réfute, dans votre excellent ouvrage sur l'amour de la patrie, les assertions abominables que vous assurez avoir lues dans un des mauvais livres qui ont paru en même temps que le détestable Système de la nature. Mais croyez, Sire, que ni ce Système, ni aucun de ces mauvais livres, n'est l'ouvrage d'un véritable philosophe, ni même d'aucun écrivain digne de ce nom. Il est fâcheux pour les honnêtes gens qui ont travaillé à l'Encyclopédie qu'on mette sur leur compte toutes les inepties qui paraissent, et qu'on donne le nom d'encyclopédistes aux ennemis de la patrie. Hélas! Sire, si je n'avais pas aimé la mienne, je serais depuis longtemps auprès de V. M. J'aime encore cette patrie, quoiqu'on m'y accable d'outrages auxquels je suis, à la vérité, peu sensible, mais que le gouvernement, j'ignore par quel sublime motif, non seulement permet, mais encourage et récompense. C'est là le prix qu'il me donne des sacrifices que j'ai faits à mon pays, et de quarante-cinq années de travail, sans que j'aie mérité jamais aucun reproche comme citoyen, ni dans mes écrits, ni dans ma conduite. Les bontés dont V. M. me comble me dédommagent de cette injustice. Que ne puis-je aller encore jouir auprès d'elle de ces mêmes bontés! Mais si je ne